De la maîtrise des armements à la non-prolifération: les nouveaux défis de la sécurité coopérative
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La Maîtrise des armements est un processus d’interaction entre des pays sur les questions relatives à la limitation, la réduction, la non-prolifération et la production des armements, ainsi qu’au déploiement et à l’emploi des forces armées. La Maîtrise des armements et les matières qui lui sont associées comme les mesures de confiance et de sécurité (CSBM) ont constitué, certainement depuis le rapport Harmel2, un élément indissociable de la stratégie de sécurité de l’Alliance atlantique. Le but était de maintenir, par le biais d’accords vérifiables et effectifs, le degré de stabilité et de prévisibilité le plus haut au niveau de forces le plus bas compatible avec le maintien d’une capacité de dissuasion effective et crédible. L’approche, en soi, reste conceptuellement valable et politiquement utile mais sous cette réserve, et elle est notable, que le contexte de sécurité a profondément changé: le pacte de Varsovie a disparu, la Russie n’est plus l’URSS d’hier et en outre l’Alliance elle-même s’interroge sur la nouvelle nature de sa mission qui, à l’évidence, ne se résume plus à dissuader la défunte URSS de lancer une attaque-surprise. Les défis sécuritaires du XXIe siècle ne sont plus ceux de la fin du XXe siècle. L’équilibre aujourd’hui ne se mesure plus à l’aune d’une relation de bloc à bloc mais en fonction d’une relation multiple et globale entre un nombre croissant d’acteurs qui peuvent être des États ou des entités non étatiques. La marche vers la multipolarité, quel que soit le contenu précis que l’on veuille donner à cette notion en pleine évolution, bouleverse les anciens schémas ou les rend inopérants. La notion de dissuasion est devenue floue dès lors qu’elle perdait ses références Est/Ouest et qu’elle ne s’appliquait plus dans un cadre symétrique ou bipolaire. La notion de coalition prend le pas sur celle d’alliance, laquelle devient elle-même relative faute de casus foederis3 clairement défini. La mondialisation a eu aussi comme effet de rendre la menace plus diffuse et de la délocaliser.
Elle est devenue civile autant que militaire. Elle s’est en quelque sorte démilitarisée. La définition de l’armement ou de ce qui pourrait constituer une arme ne correspond plus à des paramètres proprement militaires. Le résultat de tout cela est que, dans le monde d’aujourd’hui, les questions de non-prolifération nucléaire, et à vrai dire de la lutte contre toutes formes de prolifération, ont fini par transcender les considérations de désarmement au sens classique du terme.
La Maîtrise des armements est un processus d’interaction entre des pays sur les questions relatives à la limitation, la réduction, la non-prolifération et la production des armements, ainsi qu’au déploiement et à l’emploi des forces armées.
2. Rapport sur les Tâches futures de l’Alliance Atlantique – 1966. 3. Une attaque de l’URSS contre le territoire de l’Alliance constituait clairement le déclencheur de l’Article 5 du Traité de Washington. Mais l’URSS n’existe plus. Qu’en est-il aujourd’hui par rapport à une menace aussi globale qu’indéterminée?
Ce profond changement du contexte mondial entraine une inévitable remise en question non seulement du rôle de la force armée et des alliances dans les relations internationales mais aussi, par voie de conséquence, de la maitrise des
armements et du désarmement en tant qu’instruments diplomatiques. Ce travail comprend quatre parties. La première s’efforce d’analyser le nouveau contexte de sécurité en Europe (1). La seconde aborde ce qu’il reste d’un acquis de trente ans de maitrise d’armement entre l’Est et l’Ouest (2). La troisième envisage ce que pourrait être l’apport de cet instrument à la stabilité dans un environnement mondial dans lequel les adversaires d’hier sont devenus des partenaires
(3). Sur cette base, la dernière partie tire quelques conclusions sur la nature du désarmement, les vertus du pragmatisme et de l’approche coopérative dans le nouveau contexte (4).
(Photo credit: Joint Base Elmendorf Richardson, Flickr)